4.12.10

Back.. and still here!

C'est fou l'effet que ça fait de se relire au bout de tout ce temps..

Finalement, je ne suis partie nul part.. toujours déchirée entre Lille et Oran.. même si je dois admettre que mon côté ch'ti prend de plus en plus le dessus..

J'ai beaucoup travaillé en Belgique, faute de m'y installer.. l'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs!

La phase belge est passée.. j'ai envie d'autre chose.. d'exercer mon métier autrement..

Depuis quelques semaines, je travaille sur un nouveau projet.. j'aimerais développer mon activité sur Internet et proposer un service de conseil en ligne..

Je me rends compte que je n'ai pas inventé l'eau chaude et que je ne suis pas la seule sur "le marché", les sites de conseil se multiplient sur la toile.. pas facile de se rendre "visible..

J'ai surtout un train de retard en matière de réseaux sociaux.. c'est fou comme l'arrivée de FB et de Twitter a changé la donne..

Je réalise qu'aujourd'hui, un webmaster qui se respecte, se doit d'avoir une communauté de fans qui suivent ses tweets et qui "like" sa page FB...

Mon 1er site a été créé en janvier 2005 et je l'ai maintenu jusqu'en décembre 2007.. je reviens aprés 3 ans d'absence.. en "temps web" autant dire que je débarque du moyen âge...!

Bref la reprise est difficile mais je ne désespère pas..

Désormais pour me lire c'est par ici :

Mon Nouveau Blog

Le Site AL AVOCAT

AL sur Facebook

AL sur Twitter

7.5.07

A la Recherche d'un nouveau pays..

Presque deux ans d'absence..

A l'époque, je m'étais donnée un mois pour décrocher le concours d'entrée à l'école d'Avocats. Ce que je ne savais pas c'est que ma promotion devait être la "promo réforme"..

J'ai même pas eu le temps de fêter l'obtention du concours.. au lendemain des résultats on nous a expliqué que notre formation sera complètement différente des promotions passées.

Avant pour devenir avocat, on passait un concours d'entrée (plus simple), ensuite on avait 6 mois de cours à l'école, on passait le CAPA (une simple formalité) et on était Avocat-stagiaire pendant 2 ans. (avec un salaire, le droit de plaider et un boulot garanti pour 2 ans)

Aujourd'hui, le concours d'entrée est plus dur (beaucoup plus de matières à passer, épreuves étalées sur 3 mois..)

Ensuite on entre à l’école, on enchaîne cours et stages (non rémunérés) pendant 6 mois, ensuite on fait deux stages de 6 mois (toujours pas rémunérés) avec à la clé le droit de passer le CAPA (3 mois d’examens, un taux d’échec prévu à l’avance de 30%, on n’est loin de la simple formalité)

Tout ça pour avoir le bonheur (si on décroche le CAPA) de se retrouver avocat et de pouvoir postuler pour une collaboration.

Sachant qu’on aura aucune expérience du terrain (les avocats stagiaires avaient acquis 2 ans d’expérience à la sortie de la formation..) et que les salaires ne sont pas établis par le barreau.. les avocats parlent déjà de rétrocessions d’honoraires avoisinants les 1.000 Euros (non inclus les charges qu’on doit payer du fait de notre statut de collaborateur libéral)

Bref là j’en suis à bac + 8 pour gagner moins qu’une caissière.. (pour 3 fois plus d’heures !)

J'ai donc décidé de mettre ces 2 ans entre paranthèses, pas trop réfléchir et surtout penser à autre chose.. je me suis donc mise à fond dans une activité tout autre: celle de webmastrice d'un site proposant du contenu pour un jeu vidéo (les sims2)

Je passe mon temps à créer des vêtements et des meubles (3D) pour des personnages virtuels et ça me permet de ne pas me flinguer tout de suite..

Je tenais assez bien le coup (merci Zolof, mon prozac à moi) jusqu'à hier.. Ma perspective de gagner moins qu'une caissière s'est sacrément assombrie!

Avec le président qu'on va se taper, mon projet d'avocat pénaliste est trés compromis.. j'ai pas envie de rentrer dans les détails mais sachez qu'un avocat aujourd'hui ne vaut pas cher face aux forces de police et qu'ils ont désormais les moyens de nous mettre en taule aussi simplement que s'il s'assigait d'un dealer pris en flag..

Bref il a gagné et de loin.. ce qui conforte l'opinion que je m'étais faite du peuple français (du moins de sa majorité) en 2002.

Maintenant la grande question c'est où est ce que je vais pouvoir aller cette fois ci??!

Je suis pas loin de la Belgique.. c'est un pays assez sympa, les gens sont gentils, l'immobilier y est moins cher, les salaires plus élevés et si j'ai des enfants un jour je sais qu'ils pourront entrer en boite et sortir sans que je m'inquiète d'un contrôle qui aurait mal tourné..

Reste à savoir si la Belgique veut bien de moi? les français y sont mal vus.. en même temps je ne suis pas une "vraie" française.. je me demande si les perspectives professionnelles y sont intéressantes..

Je vais commencer à me renseigner...

18.11.05

Yes!!



Et oui je l'ai eu mon fameux concours!

Même que bientôt faudra m'appeler Maître lol

13.11.05

Je suis une racaille, par Marc Hatzfeld.

LEMONDE.FR 10.11.05

Je fais partie de ceux qui observent le déroulement des événements de Clichy-sous-Bois avec un mélange d'inquiétude et de secrète impatience. C'est bien sûr l'inquiétude qui prévaut car on sait les effets des émeutes urbaines sur les habitants des cités qui les ont déclenchées et subies à la fois. Au-delà des dégradations considérables de leur environnement immédiat, c'est pour les habitants des cités en flammes, la crainte qu'un des leurs ne prenne pour de bon une grenade en plein visage, qu'il soit attrapé et reçoive pour l'exemple la punition collective, que la cité soit mise sous surveillance pendant les années à venir et que l'adresse à laquelle on habite en devienne plus infamante que jamais. Toutes les cités qui ont été l'objet du zoom télévisuel lors de ces lumineuses batailles du soir souffrent dix ou quinze ans plus tard des effets dégradants sur leur existence quotidienne d'une attention médiatique éphémère. Nous savons surtout fort bien que le mécanisme de la relation de l'action politique à sa qualification est tel que, tant que ces émeutes ne prendront pas la figure superbe d'une révolution que seul son succès politique légitimerait, ce sont les habitants des cités dans leur ensemble et ceux qui ont agi en particulier qui en paieront les frais par des peines de prison et un opprobre accru pour des actes forcément coupables, nécessairement coupables. La matière des révolutions qui changent le sort des hommes est faite des soubresauts de révoltes sauvages et incertaines. L'impatience secrète repose donc – et en revanche – sur l'espoir qu'en dépit des souffrances prévisibles, peut-être, enfin quelqu'un prendra au sérieux le risque pris par les jeunes de Clichy et d'ailleurs pour faire entendre une colère qui dépasse largement la mort tragique de leurs amis.

Il est en effet difficile de ne pas voir dans ces émeutes le moment à peine plus aigu d'une révolte annoncée depuis longtemps et toujours différée par l'habile maîtrise par l'Etat d'une pondération subtile de la logique policière et de procédures sociales. Depuis quarante ans, l'Etat joue avec brio de cette perverse combinaison qui maintient la tension sociale à un niveau précisément tolérable. Commençons par la logique policière.

La première mesure de logique policière a été de bâtir les cités d'habitat social à l'écart des villes. Bien sûr, un boulevard de bonnes intentions menait à ce projet urbain radical : on allait construire des logements confortables et hygiéniques pour les familles populaires, on allait même mêler ces familles avec la classe moyenne française dans deux intentions fort généreuses, l'une de mixité sociale et l'autre d'accès à la propriété. Mais quelques sentiments malins ont vite eu raison de ces belles promesses. La peur des rouges à une époque de guerre froide a d'abord justifié que l'on préfère installer un peuple alors fort turbulent à l'écart des centres urbains. Puis lorsque ces cités se sont remplies d'une immigration économique et exotique racolée par les industriels, un consensus silencieux s'est fait pour persévérer dans cette mise à l'écart topographique qui offrait l'avantage d'ignorer ce que faisaient ces gens-là dans leurs tours de béton et d'en éviter la pénétration dans les centres villes opulents. Pour la première fois dans l'histoire des villes, on bâtissait pour les pauvres des caricatures urbaines dans des lointains, installant ces pauvres dans des situations d'exil ou de relégation comme l'ont noté quelques analystes courageux : de la punition préventive de fait.

La seconde manifestation de logique policière a été, pendant près de trente années, la diffusion par un concert des médias et des politiciens nationaux, d'une sourde rumeur prétendant à la dangerosité des populations habitant les cités. Dès les premiers succès électoraux du Front national, la mouvance néo-gaulliste d'abord, puis la mouvance de gauche lors d'un fameux congrès d'Epinay, ont considéré que l'électorat indécis méritait bien l'entretien savant d'une confusion entre le sentiment d'insécurité et une réelle dangerosité. Il en est résulté l'escalade verbale puis législative à laquelle tous les gouvernements et beaucoup de média ont contribué, nourrissant d'inquiétudes supplémentaires à chaque fait divers une peur construite de toutes pièces. Pendant toute cette période et jusqu'à aujourd'hui, l'impression a prévalu qu'une grande part de la population des cités vivait de rapines, de vente de drogues, d'escroqueries, bref que ce n'étaient que tricheurs, voleurs, bagarreurs et bonimenteurs méritant que l'on envoie la brigade anti-criminelle ou les CRS sur chaque incident. Les effets de cette surenchère ajoutent à l'isolement des populations des cités : beaucoup plus que les autres habitants du pays, ils subissent le chômage ravageur d'une société qui n'offre d'opportunités de travailler que dans l'introuvable emploi salarié. La peur a maintenant largement contaminé l'emploi : les chances de trouver un emploi lorsqu'on est un garçon d'origine maghrébine ou africaine et que l'on avoue habiter aux Bosquets ou aux Trois-mille sont quasi nulles. Venant d'une autre cité avec le même visage, les chances sont infimes. On essaie toujours quelques mois, mais on adopte alors par nécessité et par dépit le profil que la rumeur vous assigne : on dénigre, on renonce, on décroche, on enrage, on se débrouille autrement. Un chômage massif combiné avec le discours sécuritaire indiscuté ont créé les conditions d'un désespoir devenu total, désespoir soutenu par les échecs scolaires, les refus du droit de vote, la désertion des partis politiques du terrain des cités et les flonflons égalitaires des discours électifs.

En regard de la logique policière, l'Etat social a mis au point ce qu'il appelle lui-même ses filets de sécurité, une architecture extrêmement complexe de dispositifs allant des allocations familiales, de parent isolé, de handicapé ou de logement aux indemnisations du chômage et aux protections de la Sécurité sociale – sans omettre bien sûr les considérables investissements de la politique de la ville depuis 1982. Il ne fait pas de doute que, faute de ces allocations, aides, soutiens financiers et techniques, les habitants des cités auraient la faim au ventre et seraient soumis à des tentations encore plus transgressives. Cependant notre vieille tradition caritative est encore vivace : on ne pouvait et on ne peut laisser ces quelque huit à dix millions de personnes sans ressources. Mais les effets pervers de ces mesures très précisément dosées pour éviter le pire tout en maintenant la tension sont aussi dévastateurs à terme qu'ils sont indispensables dans l'instant. Aucun discours ne manque de souligner que ces aides sont conditionnelles et que les populations qui en bénéficient sont faites d'assistés, traduisez de nuls.

La surveillance, la suspicion, les vexations verbales et administratives qui accompagnent les dispositifs prennent la forme d'un harcèlement moral de tous les instants. Sans cesse il faut ajuster son discours aux exigences de la mesure, prouver sa détresse, simuler souvent, mentir parfois, se plaindre explicitement, faire la queue des heures et attendre des mois – voire des années – des promesses de logement ou d'emploi lâchées comme des aumônes. Chaque habitant pauvre de la banlieue se reconnaît sans équivoque dans les réprimandes à l'assistanat proférées par les donneurs de leçons depuis leurs confortables arrondissements. La honte majeure étant d'ailleurs de faire vivre sa famille non de son travail mais de l'aumône instituée. Les filles des cités, plus courageuses souvent et plus enclines aux compromis, évitent parfois les affres des échecs scolaires, les refus à l'embauche et les files d'attente des Assedics ; mais les garçons tombent souvent dans un piège auquel il est difficile d'échapper. A force de rejets, ils refusent en bloc le système qui ne leur laisse le choix qu'entre l'humiliation et la soumission. Ils tournent en rond dans la cité comme des fauves blessés.

Pourtant, tous ceux qui vivent dans les cités, tous ceux qui s'y intéressent de près savent que la très grande majorité des habitants des banlieues française, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes de toutes origines, est fidèle à l'ordre dit républicain, fort éprise et fière de la France, attachée à la loi dont elle attend les mêmes vertus éducatives et protectrices que tout le monde, sincèrement adhérente même à la laïcité en dépit d'éventuelles racines confessionnelles. Beaucoup des acteurs qui travaillent dans les cités qu'ils soient élus locaux, enseignants, policiers, juges ou éducateurs savent parfaitement la détermination des habitants des cités et en particulier des jeunes garçons, au fond de leur cœur, de faire partie de cette France dont ils déplorent qu'elle ne sache pas leur parler et, plus par lâcheté d'ailleurs que par cynisme, qu'elle ne les considère pas. La plupart de ces acteurs et d'abord les maires de ces villes font ce qu'ils peuvent au jour le jour pour inviter, d'une façon ou d'une autre, les habitants des cités dans la Cité républicaine. Mais qu'on vienne à les assimiler à la crasse qui les entoure pour parler de Kärcher ou qu'on les traite indistinctement de racaille, ils voient rouge. Non qu'ils soient choqués par des mots qu'ils utilisent eux-mêmes ; mais parce que leur usage en l'occurrence révèle les confusions d'une incompétence épaisse, une sottise politique exaspérante, des recherches d'effets qui les tournent en occasions médiatiques, ça fait plusieurs générations que ça dure, ça suffit comme ça !

Je dois dire que si j'en étais, j'aurais la colère moi aussi, je partagerais leur révolte face à cette alliance de l'injustice installée et des effets du spectacle. Viendra-t-il un jour une personnalité politique pour revendiquer que les gens des cités en général et ceux qui viennent de loin en particulier sont avant tout non pas un problème mais une ressource démographique, d'imagination, de culture, d'audace, de compétences, qu'ils sont une richesse considérable et qu'ils font partie de l'aventure commune du pays ? Face à ces jeunes garçons qui risquent ce qui reste de leur existence quasi perdue pour faire apparaître leur cité pourrie, leur destin déglingué et leur jeune vigueur au journal de vingt heures, je suis aussi une racaille, je suis de leur côté non sans inquiétude mais sans hésitation. Après tout, ce sont d'autres révoltes populaires qui ont fait de ce pays un pays libre et tenté jusqu'à ce jour sans grand succès d'en faire un pays hospitalier et fraternel.

Marc Hatzfeld est auteur du Petit traité de la banlieue, Paris, Dunod, 2004.

12.11.05

Brèves

* Bonne nouvelle!

Le section Seine-Saint-Denis d'Alliance, premier syndicat des gardiens de la paix, a ainsi annoncé que les policiers du département étaient en service minimum, à son appel, pour protester contre l'incarcération d'un des cinq policiers poursuivis dans l'agression d'un jeune de 19 ans, lundi à La Courneuve. (c'est marrant moi j'en ai compté 8!)

* Mauvaise nouvelle..

Samedi matin, interpellation de la victime de la bavure, soupçonnée d'avoir caillassé des pompiers dans la soirée de vendredi.

A lire: Augmentation des violences et grogne des policiers.AFP

* Mauvaise nouvelle:

Le préfet de police a interdit pour une durée de 22 heures tout rassemblement «de nature à provoquer le désordre», dans le cadre de l'état d'urgence.

* Bonne nouvelle!

Ce n'est pas pour empêcher d'honnêtes citoyens de se promener dans Paris. Ce ne sont pas les rassemblements en tant que tels qui sont visés.

En clair, si t'as la chance d'avoir une tête d'honnête citoyen tu peux aller te promener sur Paris dimanche aprés midi. Si en revanche, tu porte une casquette, que t'as une couleur bizarre ou un ticket de RER en poche tu risque huit jours à deux mois d'emprisonnement et/ou une amende de 3 750 €.

A lire: Les "Jeunes" sous surveillance.Libérations.

* Comme disait un certain Dany Boon "je vais bien, tout va bien!"

Paranoïa..

Depuis quelques jours, une fenêtre pop up s'ouvre quand je veux accéder à certaines pages pour m'avertir que les informations que j'envoie sur internet peuvent être consultées..?!

Etant assez nulle en subtilités informatiques, je me demande si mon pc est pisté (faites gaffe il paraît qu'internet est ultra surveillé) ou si je deviens définitivement parano lol

Un membre de mon forum (qui n'a rien à voir avec la politique) mais sur lequel j'ai dis quelques mots sur la "situation" n'a pas voulu réagir en public, il m'a donné son avis par mp, précisant que son quartier était sous haute surveillance (CRS partout, hélicos..) et qu'il avait peur de se faire arrêter.. (pourtant c'est pas un casseur, juste un bon père de famille bien français, qui trouve que les provocations policières de cette dernière semaine ont été bien plus violentes que les "émeutes" dont on nous parle)

Paranoïa encore? sans doute, mais c'est quand même grave qu'on en arrive à se poser la question, comme certains sentent "l'insécurité" sans jamais la vivre, je me demande comment dans un pays tel que la France, on en arrive à craindre une surveillance qu'elle soit avérée ou non..

Une manif a été interdite hier car les services de police avaient eu vent d'un rassemblement "massif et violent" dans les rues de la capitale, leurs sources étant les SMS, les forums de discussions et les blogs..

Aprés avoir exhumé une loi de la guerre d'Algérie, le gouvernement est-il en train de ressuciter la Gestapo?

Pourquoi pas aprés tout les départements d'Alsace ont bien appelés à la "délation citoyenne"..

En un mot c'est la merde surtout que nous n'avons pas besoin de porter une étoile jaune pour être identifiés.. (je vais de ce pas jeter mon tube d'autobronzant et investir dans de jolies mirettes bleues.. lol)

11.11.05

Mes Lectures du matin..

"Un 11 novembre, en 1831, en Virginie, un bourreau pendait Nat Turner, meneur d'une révolte d'esclaves noirs. J'ignore pourquoi j'y pense. La date, sans doute." Papier de Verre par Hervé Le Tellier, Le Monde.

* En France, l'arrogance des élites et l'aveuglement des politiques grippent la mobilité sociale.Défauts d'intégration

Par Esther BENBASSA, Libération jeudi 10 novembre 2005
Directrice d'études à l'Ecole pratique des hautes études (EPHE).

Ces dernières années, violences urbaines et autres «incivilités» renvoyaient déjà à notre incapacité à prendre à bras le corps ces maux indissociables des failles de l'intégration que sont le chômage, les discriminations, l'école mal adaptée, la répartition inéquitable de la culture, le logement ghettoïsé, le racisme. Dans un pays comme la France, où l'ascenseur social est grippé depuis longtemps et où les relations sont tellement hiérarchisées, l'arrogance des élites et l'aveuglement des politiques n'aident pas à la remise à plat d'un modèle républicain qui n'est pas pire que d'autres, mais de moins en moins opérationnel.

Avant d'arriver aux Etats-Unis, j'ai assisté à Berlin à des rencontres où certains représentants de nos élites se gargarisaient de mots pour faire l'éloge de notre laïcité ­ centenaire de la loi de 1905 oblige ­, parant de ses plus beaux atours un jacobinisme qui empêche, à l'heure actuelle, notre pays d'accéder au pluralisme. La lutte contre le communautarisme s'érige en priorité lorsque l'Autre, même quand il est français, a du mal à se positionner dans la société des «autochtones». Les Allemands se gaussaient de ces querelles picrocholines qui leur sont étrangères. Ce qui ne signifie pas qu'ils ont mieux réussi à intégrer leurs immigrés turcs.

Nous aimons beaucoup nous congratuler sur nos acquis d'hier et, à chaque nouvelle occasion de commémoration, nous nous contentons de nous regarder complaisamment le nombril. Quand l'avenir est sombre, on préfère se réfugier dans la contemplation du passé. La loi contre les signes religieux ostensibles ­ en fait, une loi contre le voile islamique ­ et notre intolérance laïque ne sont que des rideaux de fumée qui nous cachent le plus grave.

Quant à nos politiques, dans leurs joutes stériles, ils perdent pied. Il est aujourd'hui urgent d'appeler à des assises inédites réunissant décideurs politiques et économiques, partenaires sociaux et acteurs de la société civile. Cela afin de tenter de revoir un système d'intégration en panne, de cerner les demandes et les besoins, et pour cesser de n'opposer que des mots aux problèmes que posent la ghettoïsation et la non-prise en considération de formes nouvelles de citoyenneté ­ qui, aujourd'hui, ne veulent plus faire l'économie d'une identité d'origine revendiquée et avec laquelle on vient embrasser la francité.

Aux Etats-Unis, pays dont nous critiquons le multiculturalisme, la communauté d'«originaires» inclut l'étranger et le prépare progressivement à l'américanisation. Ici, curieusement, le mot «communautarisme» n'existe pas et pourtant les communautés, elles, existent. Dans ce pays, on se dira américain et musulman, américain et noir. Ce «et» essentiel à la citoyenneté est officiellement banni chez nous, alors qu'il est désormais incontournable et que les pouvoirs publics auraient intérêt à le prendre en compte. Ce «et», qui nous est si insupportable, a permis aux Etats-Unis la promotion d'une Condoleezza Rice ou d'un Colin Powell. Chez nous, quand on nomme un ministre «issu de l'immigration», il est là, en gros, pour s'occuper des siens...

Les médias aussi pourraient jouer leur rôle dans ce débat indispensable, en mettant de côté les préjugés qu'il leur arrive de renforcer par maladresse, par goût du sensationnel, par suivisme ou pour d'autres raisons parfois moins honorables. Comment se saisir des maux de la société française lorsqu'on la saoule avec la sexualité de l'abbé Pierre ? La presse consacre des pages entières à de telles inepties, lesquelles aident certainement, en revanche, à anesthésier une population par ailleurs confrontée à une violence quotidienne des rapports ­ qu'on tend à banaliser, mais qui choque, par contraste, lorsqu'on séjourne fréquemment à l'étranger.

Oui, notre société est fatiguée, excédée, elle n'a plus l'énergie de faire rêver comme le fait encore l'Amérique. L'immigré a encore dans ce pays le droit de rêver, même si son rêve ne se réalise pas. Notre bonne vieille France radote et critique les autres par ressentiment.

L'antiaméricanisme primaire n'en est qu'un symptôme. L'Amérique ne se réduit pas à Bush. C'est aussi le pays où, dans les plus grandes universités, 30 % à 40 % des étudiants sont désormais asiatiques (ils n'étaient que 2 % il y a seulement une génération) et les Noirs de plus en plus nombreux. De ces minorités émergera dans quelques années l'élite du pays, quand ,chez nous, on s'offusque encore dans certains milieux que Sciences-Po ait ouvert ses portes à quelques bons élèves issus des ZEP...

Ce ne sont pas nos universités plongées dans une profonde misère et dans l'apathie ambiante qui formeront des élites issues de l'immigration. Le patronat, plus au fait des évolutions, est peut-être davantage en phase en la matière. Si aucun modèle d'intégration ne s'avère aujourd'hui parfait, au moins pourrions-nous faire l'effort de reconnaître les faiblesses du nôtre et tirer des leçons de ce qui a pu faire ses preuves ailleurs.

La France, en période de crise, construit son identité dans l'opposition à l'Autre qui lui fait peur. Au XIXe siècle, ce fut le cas avec les juifs. Actuellement, face à la globalisation, c'est l'Autre arabe ou noir qui effraie. Et surtout sa religion, transformée depuis le 11 septembre en objet de tous nos fantasmes. Peut-on ouvrir un magazine ou un journal sans qu'on nous parle de l'islam, du terrorisme et de l'islamisme, des imams radicaux, etc. ? Les musulmans ont remplacé les juifs du XIXe siècle et de l'entre-deux-guerres.

Dans ce contexte, notre nationalisme exacerbé nous empêche de voir la multiculturalité de la France. Ni l'histoire de la colonisation, ni celles de la décolonisation ou de l'esclavage, qui sont celles de différentes composantes de la nation aujourd'hui, n'occupent la place qui leur revient dans la mémoire collective. Ce qui ajoute aux frustrations. Dans d'autres pays confrontés à ces mémoires, les universités leur font depuis longtemps la part belle.

Ce sont de petits pas, mais qui peuvent mener loin, faisant recouvrer à ces divers groupes leur dignité, leur honneur perdu dans les cités sans espoir, dans les familles où, souvent, on est sans travail depuis au moins deux générations. Lorsqu'on propose aux professeurs du secondaire d'enseigner le fait religieux ­ ce qui serait en fait une autre façon de construire des passerelles entre les élèves de cultures différentes et ceci loin de toute catéchèse ­, les oppositions restent fortes, pas seulement au nom de la laïcité mais aussi du dogme laïciste. Pourquoi passer outre aussi à la religion des élèves ?

Les émeutes de ces derniers temps sont des signaux d'alarme inquiétants à prendre en considération avec le plus grand sérieux. Cela concerne non seulement ceux qui fomentent ces désordres, mais aussi ceux qui les subissent. L'ensemble des protagonistes est impliqué parce que, maintenant, on ne peut plus parler d'«eux» et de «nous». Eux et nous, ce sont des Français qui n'en peuvent plus. La France a besoin d'énergie et de politiques novatrices pour déverrouiller le pays, donner leur chance à ceux dont l'horizon est sombre, à ces jeunes qui savent désormais qu'ils vivront encore moins bien que leurs parents, pour leur préparer un terrain plus propice à la mobilité sociale.

Il n'est pas trop tard pour mettre en place les conditions requises à un fonctionnement pluraliste de notre société : discrimination positive, travail sur les mentalités, programme de lutte contre le racisme, accès à un emploi, à un logement, à une éducation dignes de ce nom. Et, parallèlement, réformer l'école, lieu par excellence de discriminations, et l'université ; engager les médias dans un travail d'éducation civique pour jeter les bases d'un vivre-ensemble et, pourquoi pas, promouvoir toutes les initiatives qui vont dans ce sens.

Regardons l'avenir en face. Tâchons de juguler le ressentiment. Les émeutes émanent de ce ressentiment généralisé et risquent de prendre une tournure plus grave encore si l'on n'y répond pas comme il convient.

Esther Benbassa prépare avec Jean-Christophe Attias une semaine de lutte contre les discriminations, du 19 au 26 mars. Paris du vivre ensemble

* Retour à Pétain, Le Monde Diplomatique, jeudi 10 novembre 2005

Au rythme où l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et son président Nicolas Sarkozy se droitisent, M. Jean-Marie Le Pen fera bientôt figure de gauchiste.

Aujourd’hui, le grand prix revient assurément au parlementaire UMP Jean-Paul Garraud, qui suggère de « déchoir de la nationalité française » les étrangers naturalisés reconnus coupables de « faits graves » dans les violences urbaines.

Le député de Gironde, précisons-le, ne peut toutefois pas revendiquer le brevet de cette « invention ». A partir de juillet 1940, les hommes du maréchal Pétain ont « dénaturalisé » de nombreux étrangers qui avaient acquis récemment la nationalité : républicains espagnols réfugiés en France, Juifs d’Allemagne et d’Autriche après les lois de Nuremberg, Polonais chassés par les nazis en 1939. La mesure s’étendra même aux Juifs d’Algérie, auquel le décret Crémieux de 1870, abrogé en octobre 1940, avait donné la nationalité française.

Une question à M. Jean-Paul Garraud : s’il s’avère que l’annonce du « nettoyage au Kärcher » de la « racaille » des cités a bien constitué le détonateur de l’actuelle explosion, faudra-t-il « déchoir de la nationalité française » l’auteur de ces propos incendiaires ?

* Même les magistrats se mettent à dire des choses intelligentes! (lu sur Syndicat de la MAgistrature )

NON À L´ÉTAT D´EXCEPTION

Confronté à une révolte née de l´accumulation des inégalités et des discriminations dans les banlieues et les quartiers pauvres, le gouvernement vient de franchir une nouvelle étape, d´une extrême gravité, dans l´escalade sécuritaire. Même en mai 1968, alors que la situation était bien plus dramatique, aucune loi d´exception n´avait été utilisée par les pouvoirs publics. La proclamation de l´état d´urgence répond à une révolte dont les causes sont profondes et bien connues sur le seul terrain de la répression.

Au-delà du message symbolique désastreux que nourrira la référence à la guerre d´Algérie, il ne s´agit pas seulement de « couvre-feu », ce qui est déjà de l´ordre d´une logique de guerre. En fait le gouvernement a sciemment menti. La loi du 3 avril 1955 autorise des interdictions de séjour pour « toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l´action des pouvoirs publics », des assignations à résidence pour « toute personne […] dont l´activité s´avère dangereuse pour la sécurité et l´ordre publics », la fermeture des « lieux de réunion de toute nature » et l´interdiction des « réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre ». Le gouvernement a même prévu des perquisitions de nuit. Il peut, en outre, faire « prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature », et donner compétence aux juridictions militaires en concurrence avec les juges ordinaires.

Stopper les violences et rétablir les solidarités dans les banlieues est une nécessité. Cela implique-t-il de les soumettre à une législation d´exception héritée de la période coloniale ? On sait où mène le cycle bien connu qui enchaîne provocations et répression, et quels résultats il permet d´obtenir. Les banlieues n´ont pas besoin d´état d´exception : elles ont besoin, désespérément, de justice, de respect et d´égalité.

Signataires :
Alternative Citoyenne, ATMF, CEDETIM, Comité des sans-logis, CRLDHT, Fédération syndicale unitaire, Ligue communiste révolutionnaire, Ligue des droits de l´Homme, MRAP, Parti communiste français, Syndicat des avocats de France, Syndicat de la magistrature, Union syndicale Solidaires, Les Verts.

* Un autre article à lire sur le Blog de Maître Wong, par Françoise Blum: Ils sont entrés en politique

* Autre exemple d'intégration aux Etats-Unis à lire sur le Blog de Mohsan: D'Alger à Baltimore

* Petit compte rendu de l'intervention télévisée de Sarko sur le blog de Karmimo: La vraie Actualité

* Ce que retiens surtout de tout ça, c'est que les évenements de mai 68 étaient bien plus graves, qu'on y brûlait également les voitures et qu'on ne se contentait pas de chanter des chansons comme beaucoup veulent nous faire croire aujourd'hui!

Finalement quand on ne regarde pas la télé, qu'on évite les blogs racistes, qu'on cible bien les sites à visiter et qu'on sélectionne strictement les concitoyens "sans origine visible" à qui on parle (là c'est plus dur perso vu le milieu que je fréquente -fac de droit- j'en ai trouvé que 2), on peut presque croire qu'on vit dans un pays merveilleux!

10.11.05

J'pète les plombs!

Je vais finir par me choper un ulcère avant la fin de la semaine, faut que j'en parle sinon je risque d'être prise d'une méchante pyromania, la voiture de ma voisine (celle qui de son propre aveu a pleuré une semaine en sachant que des algériens allaient acheter emménager à côté de chez elle) m'attire irrésistiblement.. pour l'instant ça va je gère les seuls trucs que j'allume c'est mes clopes..

Pourquoi? je viens de dîner, ben oui quelle idée j'ai eu moi aussi, dîner devant les infos! c'est du masochisme, je le cherche l'ulcère..

Bref je regarde les infos, on commence par une mére "démissionnaire" dont le garçon de 15 ans a été arrêté, et qui a fait de la garde à vue pour manquement à son devoir parental.. vu l'annonce je m'attendais à une toxico, ou un truc dans le genre au moins, on nous conduit chez une bonne femme pakistanaise, qui élève seule quatres enfants, elle admet que son fils puisse être un peu turbulent mais il n'a jamais rien fait d'illégal.. on nous explique que les policiers "pensent qu'il a tenté de brûler une voiture", la mère nous dit qu'il se trouvait simplement à côté d'une voiture..

la mère écopera d'un "stage de parentalité" pour lui apprendre à éduquer ses gosses, le gamin sera placé un mois dans un foyer.. tout ça pour une "pensée", ce qui me rappelle que j'ai intérêt à revoir mon code pénal je savais même pas que les pensées constituaient un dossier à charge..

Ensuite, on reparle de l'affaire de la mosquée et de la bombe lacrymo, on a droit à plein d'explications en même temps: ils n'ont rien jetés du tout, ils savaient pas que c'était un lieu de culte, vu le contexte fallait bien qu'ils se défendent.. comme ça chacun peut choisir l'argument qui le console le mieux.. pourtant on a une vidéo..

Puis tabassage en règle d'un jeune par 8 flics, l'IGS a réagit (l'affaire doit être suivie car qui dit suspendu de ses fonctions ne dit pas condamné, ni même viré) faut dire ça a été filmé par les services de France 2.. et encore on nous explique que le jeune lançait des bouteilles sur le commissariat en sortant de 2 jours de garde à vue, alors qu'on voit bien le gars marcher et les flics qui lui tombent dessus d'un coup..

Puis, une caméra allemande, à 1m de policiers qui viennent d'arrêter 2 jeunes, ils les plaquent au sol, montrent leur tête à la caméra, et s'écrient "vous voyez le visage de la France d'aujourd'hui?".. moi ce que je vois c'est des flics qui maltraitent deux jeunes, leurs foutent des claques, les insultent, les font filmer contré leur gré, en dépit de la soi disant présomption d'innocence qui l'interdit expressément, je vois des flics qui ne se cachent même plus des caméras pour afficher leur haine.. ah ça je le vois bien le visage de la France d'aujourd'hui..

C'est sans parler de tout ce qu'on voit pas, sans parler des condamnations prononcées à la chaîne, sans preuves, sans avocats, sans parler de tout ce qu'on sait pas.

Je vais arrêter de regarder la télé, de lire la presse, les blogs, je vais rentrer dans ma bulle, faut que je respire, ça me fout trop les boules ce genre de choses..

et avec ça on vient me dire que nous "les barbares" des "pays arabes" on aurait tiré dans la foule si des "jeunes de confession non musulmanes" bref des occidentaux avaient fait la même chose chez nous.. déjà faut savoir que chez nous aussi le blanc est roi, il fait sa loi même quand il est pas dans son pays, qui tire sur les foules en Irak, en Afghanistan, en Palestine ?? bref j'attends le jour béni où ce genre de questions touchera effectivement d'autres catégories de populations que les maghrébins, les arabes et les noirs.. et ce jour là je sais déjà ce que j'en penserai car même en me forçant j'arrive pas à être raciste..

J'ai un urgent besoin de vacances..

Cherchez l'erreur..


Emeute à l'algérienne.



Emeute à la française..

Encore une différence culturelle je suppose..

(ps: deux blogs à lire absolument: Mohsan Blog et Maître Wong )