Les damnés de la terre..

Aujourd'hui j'ai pris pleinement conscience que j'en faisai partie moi aussi.. j'ai passé la matinée à tempester contre mes compatriotes d'origine, et l'aprés midi à désespérer des préjugés de mes compatriotes d'adoption.. si ce matin je remettai sérieusement en doute mes envies de retour, l'aprés midi s'est chargée de me rappeler à quel point j'étais mal ici.

C'était donc vrai ce que disait Frantz Fanon, on est condamnés au malheur et ce où que l'on soit, condamnés à comparer, à préférer, à détester, à rejeter, à se faire rejeter, à se consoler de l'un avec l'autre et vice versa..

Pour rompre la malédiction on devait inventer un homme nouveau, une personne détachée du poids du passé, des préjugés, des complexes, libérée de toutes ces tensions inconscientes qui font que quoi qu'on fasse et quoi qu'on en dise on retombe toujours sur le même point.. sur un je t'aime moi non plus..

Mais de toute évidence cet homme nouveau dont rêvait Fanon n'est pas encore de ce monde.

Je comprends aujourd'hui que pour moi aussi c'est foutu, je resterai éternellement "lille-oran", la fille paumée entre deux univers qui se déchirent autant qu'ils s'attirent..

Maintenant je n'ai plus qu'à l'accepter.