18.11.05

Yes!!



Et oui je l'ai eu mon fameux concours!

Même que bientôt faudra m'appeler Maître lol

13.11.05

Je suis une racaille, par Marc Hatzfeld.

LEMONDE.FR 10.11.05

Je fais partie de ceux qui observent le déroulement des événements de Clichy-sous-Bois avec un mélange d'inquiétude et de secrète impatience. C'est bien sûr l'inquiétude qui prévaut car on sait les effets des émeutes urbaines sur les habitants des cités qui les ont déclenchées et subies à la fois. Au-delà des dégradations considérables de leur environnement immédiat, c'est pour les habitants des cités en flammes, la crainte qu'un des leurs ne prenne pour de bon une grenade en plein visage, qu'il soit attrapé et reçoive pour l'exemple la punition collective, que la cité soit mise sous surveillance pendant les années à venir et que l'adresse à laquelle on habite en devienne plus infamante que jamais. Toutes les cités qui ont été l'objet du zoom télévisuel lors de ces lumineuses batailles du soir souffrent dix ou quinze ans plus tard des effets dégradants sur leur existence quotidienne d'une attention médiatique éphémère. Nous savons surtout fort bien que le mécanisme de la relation de l'action politique à sa qualification est tel que, tant que ces émeutes ne prendront pas la figure superbe d'une révolution que seul son succès politique légitimerait, ce sont les habitants des cités dans leur ensemble et ceux qui ont agi en particulier qui en paieront les frais par des peines de prison et un opprobre accru pour des actes forcément coupables, nécessairement coupables. La matière des révolutions qui changent le sort des hommes est faite des soubresauts de révoltes sauvages et incertaines. L'impatience secrète repose donc – et en revanche – sur l'espoir qu'en dépit des souffrances prévisibles, peut-être, enfin quelqu'un prendra au sérieux le risque pris par les jeunes de Clichy et d'ailleurs pour faire entendre une colère qui dépasse largement la mort tragique de leurs amis.

Il est en effet difficile de ne pas voir dans ces émeutes le moment à peine plus aigu d'une révolte annoncée depuis longtemps et toujours différée par l'habile maîtrise par l'Etat d'une pondération subtile de la logique policière et de procédures sociales. Depuis quarante ans, l'Etat joue avec brio de cette perverse combinaison qui maintient la tension sociale à un niveau précisément tolérable. Commençons par la logique policière.

La première mesure de logique policière a été de bâtir les cités d'habitat social à l'écart des villes. Bien sûr, un boulevard de bonnes intentions menait à ce projet urbain radical : on allait construire des logements confortables et hygiéniques pour les familles populaires, on allait même mêler ces familles avec la classe moyenne française dans deux intentions fort généreuses, l'une de mixité sociale et l'autre d'accès à la propriété. Mais quelques sentiments malins ont vite eu raison de ces belles promesses. La peur des rouges à une époque de guerre froide a d'abord justifié que l'on préfère installer un peuple alors fort turbulent à l'écart des centres urbains. Puis lorsque ces cités se sont remplies d'une immigration économique et exotique racolée par les industriels, un consensus silencieux s'est fait pour persévérer dans cette mise à l'écart topographique qui offrait l'avantage d'ignorer ce que faisaient ces gens-là dans leurs tours de béton et d'en éviter la pénétration dans les centres villes opulents. Pour la première fois dans l'histoire des villes, on bâtissait pour les pauvres des caricatures urbaines dans des lointains, installant ces pauvres dans des situations d'exil ou de relégation comme l'ont noté quelques analystes courageux : de la punition préventive de fait.

La seconde manifestation de logique policière a été, pendant près de trente années, la diffusion par un concert des médias et des politiciens nationaux, d'une sourde rumeur prétendant à la dangerosité des populations habitant les cités. Dès les premiers succès électoraux du Front national, la mouvance néo-gaulliste d'abord, puis la mouvance de gauche lors d'un fameux congrès d'Epinay, ont considéré que l'électorat indécis méritait bien l'entretien savant d'une confusion entre le sentiment d'insécurité et une réelle dangerosité. Il en est résulté l'escalade verbale puis législative à laquelle tous les gouvernements et beaucoup de média ont contribué, nourrissant d'inquiétudes supplémentaires à chaque fait divers une peur construite de toutes pièces. Pendant toute cette période et jusqu'à aujourd'hui, l'impression a prévalu qu'une grande part de la population des cités vivait de rapines, de vente de drogues, d'escroqueries, bref que ce n'étaient que tricheurs, voleurs, bagarreurs et bonimenteurs méritant que l'on envoie la brigade anti-criminelle ou les CRS sur chaque incident. Les effets de cette surenchère ajoutent à l'isolement des populations des cités : beaucoup plus que les autres habitants du pays, ils subissent le chômage ravageur d'une société qui n'offre d'opportunités de travailler que dans l'introuvable emploi salarié. La peur a maintenant largement contaminé l'emploi : les chances de trouver un emploi lorsqu'on est un garçon d'origine maghrébine ou africaine et que l'on avoue habiter aux Bosquets ou aux Trois-mille sont quasi nulles. Venant d'une autre cité avec le même visage, les chances sont infimes. On essaie toujours quelques mois, mais on adopte alors par nécessité et par dépit le profil que la rumeur vous assigne : on dénigre, on renonce, on décroche, on enrage, on se débrouille autrement. Un chômage massif combiné avec le discours sécuritaire indiscuté ont créé les conditions d'un désespoir devenu total, désespoir soutenu par les échecs scolaires, les refus du droit de vote, la désertion des partis politiques du terrain des cités et les flonflons égalitaires des discours électifs.

En regard de la logique policière, l'Etat social a mis au point ce qu'il appelle lui-même ses filets de sécurité, une architecture extrêmement complexe de dispositifs allant des allocations familiales, de parent isolé, de handicapé ou de logement aux indemnisations du chômage et aux protections de la Sécurité sociale – sans omettre bien sûr les considérables investissements de la politique de la ville depuis 1982. Il ne fait pas de doute que, faute de ces allocations, aides, soutiens financiers et techniques, les habitants des cités auraient la faim au ventre et seraient soumis à des tentations encore plus transgressives. Cependant notre vieille tradition caritative est encore vivace : on ne pouvait et on ne peut laisser ces quelque huit à dix millions de personnes sans ressources. Mais les effets pervers de ces mesures très précisément dosées pour éviter le pire tout en maintenant la tension sont aussi dévastateurs à terme qu'ils sont indispensables dans l'instant. Aucun discours ne manque de souligner que ces aides sont conditionnelles et que les populations qui en bénéficient sont faites d'assistés, traduisez de nuls.

La surveillance, la suspicion, les vexations verbales et administratives qui accompagnent les dispositifs prennent la forme d'un harcèlement moral de tous les instants. Sans cesse il faut ajuster son discours aux exigences de la mesure, prouver sa détresse, simuler souvent, mentir parfois, se plaindre explicitement, faire la queue des heures et attendre des mois – voire des années – des promesses de logement ou d'emploi lâchées comme des aumônes. Chaque habitant pauvre de la banlieue se reconnaît sans équivoque dans les réprimandes à l'assistanat proférées par les donneurs de leçons depuis leurs confortables arrondissements. La honte majeure étant d'ailleurs de faire vivre sa famille non de son travail mais de l'aumône instituée. Les filles des cités, plus courageuses souvent et plus enclines aux compromis, évitent parfois les affres des échecs scolaires, les refus à l'embauche et les files d'attente des Assedics ; mais les garçons tombent souvent dans un piège auquel il est difficile d'échapper. A force de rejets, ils refusent en bloc le système qui ne leur laisse le choix qu'entre l'humiliation et la soumission. Ils tournent en rond dans la cité comme des fauves blessés.

Pourtant, tous ceux qui vivent dans les cités, tous ceux qui s'y intéressent de près savent que la très grande majorité des habitants des banlieues française, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes de toutes origines, est fidèle à l'ordre dit républicain, fort éprise et fière de la France, attachée à la loi dont elle attend les mêmes vertus éducatives et protectrices que tout le monde, sincèrement adhérente même à la laïcité en dépit d'éventuelles racines confessionnelles. Beaucoup des acteurs qui travaillent dans les cités qu'ils soient élus locaux, enseignants, policiers, juges ou éducateurs savent parfaitement la détermination des habitants des cités et en particulier des jeunes garçons, au fond de leur cœur, de faire partie de cette France dont ils déplorent qu'elle ne sache pas leur parler et, plus par lâcheté d'ailleurs que par cynisme, qu'elle ne les considère pas. La plupart de ces acteurs et d'abord les maires de ces villes font ce qu'ils peuvent au jour le jour pour inviter, d'une façon ou d'une autre, les habitants des cités dans la Cité républicaine. Mais qu'on vienne à les assimiler à la crasse qui les entoure pour parler de Kärcher ou qu'on les traite indistinctement de racaille, ils voient rouge. Non qu'ils soient choqués par des mots qu'ils utilisent eux-mêmes ; mais parce que leur usage en l'occurrence révèle les confusions d'une incompétence épaisse, une sottise politique exaspérante, des recherches d'effets qui les tournent en occasions médiatiques, ça fait plusieurs générations que ça dure, ça suffit comme ça !

Je dois dire que si j'en étais, j'aurais la colère moi aussi, je partagerais leur révolte face à cette alliance de l'injustice installée et des effets du spectacle. Viendra-t-il un jour une personnalité politique pour revendiquer que les gens des cités en général et ceux qui viennent de loin en particulier sont avant tout non pas un problème mais une ressource démographique, d'imagination, de culture, d'audace, de compétences, qu'ils sont une richesse considérable et qu'ils font partie de l'aventure commune du pays ? Face à ces jeunes garçons qui risquent ce qui reste de leur existence quasi perdue pour faire apparaître leur cité pourrie, leur destin déglingué et leur jeune vigueur au journal de vingt heures, je suis aussi une racaille, je suis de leur côté non sans inquiétude mais sans hésitation. Après tout, ce sont d'autres révoltes populaires qui ont fait de ce pays un pays libre et tenté jusqu'à ce jour sans grand succès d'en faire un pays hospitalier et fraternel.

Marc Hatzfeld est auteur du Petit traité de la banlieue, Paris, Dunod, 2004.

12.11.05

Brèves

* Bonne nouvelle!

Le section Seine-Saint-Denis d'Alliance, premier syndicat des gardiens de la paix, a ainsi annoncé que les policiers du département étaient en service minimum, à son appel, pour protester contre l'incarcération d'un des cinq policiers poursuivis dans l'agression d'un jeune de 19 ans, lundi à La Courneuve. (c'est marrant moi j'en ai compté 8!)

* Mauvaise nouvelle..

Samedi matin, interpellation de la victime de la bavure, soupçonnée d'avoir caillassé des pompiers dans la soirée de vendredi.

A lire: Augmentation des violences et grogne des policiers.AFP

* Mauvaise nouvelle:

Le préfet de police a interdit pour une durée de 22 heures tout rassemblement «de nature à provoquer le désordre», dans le cadre de l'état d'urgence.

* Bonne nouvelle!

Ce n'est pas pour empêcher d'honnêtes citoyens de se promener dans Paris. Ce ne sont pas les rassemblements en tant que tels qui sont visés.

En clair, si t'as la chance d'avoir une tête d'honnête citoyen tu peux aller te promener sur Paris dimanche aprés midi. Si en revanche, tu porte une casquette, que t'as une couleur bizarre ou un ticket de RER en poche tu risque huit jours à deux mois d'emprisonnement et/ou une amende de 3 750 €.

A lire: Les "Jeunes" sous surveillance.Libérations.

* Comme disait un certain Dany Boon "je vais bien, tout va bien!"

Paranoïa..

Depuis quelques jours, une fenêtre pop up s'ouvre quand je veux accéder à certaines pages pour m'avertir que les informations que j'envoie sur internet peuvent être consultées..?!

Etant assez nulle en subtilités informatiques, je me demande si mon pc est pisté (faites gaffe il paraît qu'internet est ultra surveillé) ou si je deviens définitivement parano lol

Un membre de mon forum (qui n'a rien à voir avec la politique) mais sur lequel j'ai dis quelques mots sur la "situation" n'a pas voulu réagir en public, il m'a donné son avis par mp, précisant que son quartier était sous haute surveillance (CRS partout, hélicos..) et qu'il avait peur de se faire arrêter.. (pourtant c'est pas un casseur, juste un bon père de famille bien français, qui trouve que les provocations policières de cette dernière semaine ont été bien plus violentes que les "émeutes" dont on nous parle)

Paranoïa encore? sans doute, mais c'est quand même grave qu'on en arrive à se poser la question, comme certains sentent "l'insécurité" sans jamais la vivre, je me demande comment dans un pays tel que la France, on en arrive à craindre une surveillance qu'elle soit avérée ou non..

Une manif a été interdite hier car les services de police avaient eu vent d'un rassemblement "massif et violent" dans les rues de la capitale, leurs sources étant les SMS, les forums de discussions et les blogs..

Aprés avoir exhumé une loi de la guerre d'Algérie, le gouvernement est-il en train de ressuciter la Gestapo?

Pourquoi pas aprés tout les départements d'Alsace ont bien appelés à la "délation citoyenne"..

En un mot c'est la merde surtout que nous n'avons pas besoin de porter une étoile jaune pour être identifiés.. (je vais de ce pas jeter mon tube d'autobronzant et investir dans de jolies mirettes bleues.. lol)

11.11.05

Mes Lectures du matin..

"Un 11 novembre, en 1831, en Virginie, un bourreau pendait Nat Turner, meneur d'une révolte d'esclaves noirs. J'ignore pourquoi j'y pense. La date, sans doute." Papier de Verre par Hervé Le Tellier, Le Monde.

* En France, l'arrogance des élites et l'aveuglement des politiques grippent la mobilité sociale.Défauts d'intégration

Par Esther BENBASSA, Libération jeudi 10 novembre 2005
Directrice d'études à l'Ecole pratique des hautes études (EPHE).

Ces dernières années, violences urbaines et autres «incivilités» renvoyaient déjà à notre incapacité à prendre à bras le corps ces maux indissociables des failles de l'intégration que sont le chômage, les discriminations, l'école mal adaptée, la répartition inéquitable de la culture, le logement ghettoïsé, le racisme. Dans un pays comme la France, où l'ascenseur social est grippé depuis longtemps et où les relations sont tellement hiérarchisées, l'arrogance des élites et l'aveuglement des politiques n'aident pas à la remise à plat d'un modèle républicain qui n'est pas pire que d'autres, mais de moins en moins opérationnel.

Avant d'arriver aux Etats-Unis, j'ai assisté à Berlin à des rencontres où certains représentants de nos élites se gargarisaient de mots pour faire l'éloge de notre laïcité ­ centenaire de la loi de 1905 oblige ­, parant de ses plus beaux atours un jacobinisme qui empêche, à l'heure actuelle, notre pays d'accéder au pluralisme. La lutte contre le communautarisme s'érige en priorité lorsque l'Autre, même quand il est français, a du mal à se positionner dans la société des «autochtones». Les Allemands se gaussaient de ces querelles picrocholines qui leur sont étrangères. Ce qui ne signifie pas qu'ils ont mieux réussi à intégrer leurs immigrés turcs.

Nous aimons beaucoup nous congratuler sur nos acquis d'hier et, à chaque nouvelle occasion de commémoration, nous nous contentons de nous regarder complaisamment le nombril. Quand l'avenir est sombre, on préfère se réfugier dans la contemplation du passé. La loi contre les signes religieux ostensibles ­ en fait, une loi contre le voile islamique ­ et notre intolérance laïque ne sont que des rideaux de fumée qui nous cachent le plus grave.

Quant à nos politiques, dans leurs joutes stériles, ils perdent pied. Il est aujourd'hui urgent d'appeler à des assises inédites réunissant décideurs politiques et économiques, partenaires sociaux et acteurs de la société civile. Cela afin de tenter de revoir un système d'intégration en panne, de cerner les demandes et les besoins, et pour cesser de n'opposer que des mots aux problèmes que posent la ghettoïsation et la non-prise en considération de formes nouvelles de citoyenneté ­ qui, aujourd'hui, ne veulent plus faire l'économie d'une identité d'origine revendiquée et avec laquelle on vient embrasser la francité.

Aux Etats-Unis, pays dont nous critiquons le multiculturalisme, la communauté d'«originaires» inclut l'étranger et le prépare progressivement à l'américanisation. Ici, curieusement, le mot «communautarisme» n'existe pas et pourtant les communautés, elles, existent. Dans ce pays, on se dira américain et musulman, américain et noir. Ce «et» essentiel à la citoyenneté est officiellement banni chez nous, alors qu'il est désormais incontournable et que les pouvoirs publics auraient intérêt à le prendre en compte. Ce «et», qui nous est si insupportable, a permis aux Etats-Unis la promotion d'une Condoleezza Rice ou d'un Colin Powell. Chez nous, quand on nomme un ministre «issu de l'immigration», il est là, en gros, pour s'occuper des siens...

Les médias aussi pourraient jouer leur rôle dans ce débat indispensable, en mettant de côté les préjugés qu'il leur arrive de renforcer par maladresse, par goût du sensationnel, par suivisme ou pour d'autres raisons parfois moins honorables. Comment se saisir des maux de la société française lorsqu'on la saoule avec la sexualité de l'abbé Pierre ? La presse consacre des pages entières à de telles inepties, lesquelles aident certainement, en revanche, à anesthésier une population par ailleurs confrontée à une violence quotidienne des rapports ­ qu'on tend à banaliser, mais qui choque, par contraste, lorsqu'on séjourne fréquemment à l'étranger.

Oui, notre société est fatiguée, excédée, elle n'a plus l'énergie de faire rêver comme le fait encore l'Amérique. L'immigré a encore dans ce pays le droit de rêver, même si son rêve ne se réalise pas. Notre bonne vieille France radote et critique les autres par ressentiment.

L'antiaméricanisme primaire n'en est qu'un symptôme. L'Amérique ne se réduit pas à Bush. C'est aussi le pays où, dans les plus grandes universités, 30 % à 40 % des étudiants sont désormais asiatiques (ils n'étaient que 2 % il y a seulement une génération) et les Noirs de plus en plus nombreux. De ces minorités émergera dans quelques années l'élite du pays, quand ,chez nous, on s'offusque encore dans certains milieux que Sciences-Po ait ouvert ses portes à quelques bons élèves issus des ZEP...

Ce ne sont pas nos universités plongées dans une profonde misère et dans l'apathie ambiante qui formeront des élites issues de l'immigration. Le patronat, plus au fait des évolutions, est peut-être davantage en phase en la matière. Si aucun modèle d'intégration ne s'avère aujourd'hui parfait, au moins pourrions-nous faire l'effort de reconnaître les faiblesses du nôtre et tirer des leçons de ce qui a pu faire ses preuves ailleurs.

La France, en période de crise, construit son identité dans l'opposition à l'Autre qui lui fait peur. Au XIXe siècle, ce fut le cas avec les juifs. Actuellement, face à la globalisation, c'est l'Autre arabe ou noir qui effraie. Et surtout sa religion, transformée depuis le 11 septembre en objet de tous nos fantasmes. Peut-on ouvrir un magazine ou un journal sans qu'on nous parle de l'islam, du terrorisme et de l'islamisme, des imams radicaux, etc. ? Les musulmans ont remplacé les juifs du XIXe siècle et de l'entre-deux-guerres.

Dans ce contexte, notre nationalisme exacerbé nous empêche de voir la multiculturalité de la France. Ni l'histoire de la colonisation, ni celles de la décolonisation ou de l'esclavage, qui sont celles de différentes composantes de la nation aujourd'hui, n'occupent la place qui leur revient dans la mémoire collective. Ce qui ajoute aux frustrations. Dans d'autres pays confrontés à ces mémoires, les universités leur font depuis longtemps la part belle.

Ce sont de petits pas, mais qui peuvent mener loin, faisant recouvrer à ces divers groupes leur dignité, leur honneur perdu dans les cités sans espoir, dans les familles où, souvent, on est sans travail depuis au moins deux générations. Lorsqu'on propose aux professeurs du secondaire d'enseigner le fait religieux ­ ce qui serait en fait une autre façon de construire des passerelles entre les élèves de cultures différentes et ceci loin de toute catéchèse ­, les oppositions restent fortes, pas seulement au nom de la laïcité mais aussi du dogme laïciste. Pourquoi passer outre aussi à la religion des élèves ?

Les émeutes de ces derniers temps sont des signaux d'alarme inquiétants à prendre en considération avec le plus grand sérieux. Cela concerne non seulement ceux qui fomentent ces désordres, mais aussi ceux qui les subissent. L'ensemble des protagonistes est impliqué parce que, maintenant, on ne peut plus parler d'«eux» et de «nous». Eux et nous, ce sont des Français qui n'en peuvent plus. La France a besoin d'énergie et de politiques novatrices pour déverrouiller le pays, donner leur chance à ceux dont l'horizon est sombre, à ces jeunes qui savent désormais qu'ils vivront encore moins bien que leurs parents, pour leur préparer un terrain plus propice à la mobilité sociale.

Il n'est pas trop tard pour mettre en place les conditions requises à un fonctionnement pluraliste de notre société : discrimination positive, travail sur les mentalités, programme de lutte contre le racisme, accès à un emploi, à un logement, à une éducation dignes de ce nom. Et, parallèlement, réformer l'école, lieu par excellence de discriminations, et l'université ; engager les médias dans un travail d'éducation civique pour jeter les bases d'un vivre-ensemble et, pourquoi pas, promouvoir toutes les initiatives qui vont dans ce sens.

Regardons l'avenir en face. Tâchons de juguler le ressentiment. Les émeutes émanent de ce ressentiment généralisé et risquent de prendre une tournure plus grave encore si l'on n'y répond pas comme il convient.

Esther Benbassa prépare avec Jean-Christophe Attias une semaine de lutte contre les discriminations, du 19 au 26 mars. Paris du vivre ensemble

* Retour à Pétain, Le Monde Diplomatique, jeudi 10 novembre 2005

Au rythme où l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et son président Nicolas Sarkozy se droitisent, M. Jean-Marie Le Pen fera bientôt figure de gauchiste.

Aujourd’hui, le grand prix revient assurément au parlementaire UMP Jean-Paul Garraud, qui suggère de « déchoir de la nationalité française » les étrangers naturalisés reconnus coupables de « faits graves » dans les violences urbaines.

Le député de Gironde, précisons-le, ne peut toutefois pas revendiquer le brevet de cette « invention ». A partir de juillet 1940, les hommes du maréchal Pétain ont « dénaturalisé » de nombreux étrangers qui avaient acquis récemment la nationalité : républicains espagnols réfugiés en France, Juifs d’Allemagne et d’Autriche après les lois de Nuremberg, Polonais chassés par les nazis en 1939. La mesure s’étendra même aux Juifs d’Algérie, auquel le décret Crémieux de 1870, abrogé en octobre 1940, avait donné la nationalité française.

Une question à M. Jean-Paul Garraud : s’il s’avère que l’annonce du « nettoyage au Kärcher » de la « racaille » des cités a bien constitué le détonateur de l’actuelle explosion, faudra-t-il « déchoir de la nationalité française » l’auteur de ces propos incendiaires ?

* Même les magistrats se mettent à dire des choses intelligentes! (lu sur Syndicat de la MAgistrature )

NON À L´ÉTAT D´EXCEPTION

Confronté à une révolte née de l´accumulation des inégalités et des discriminations dans les banlieues et les quartiers pauvres, le gouvernement vient de franchir une nouvelle étape, d´une extrême gravité, dans l´escalade sécuritaire. Même en mai 1968, alors que la situation était bien plus dramatique, aucune loi d´exception n´avait été utilisée par les pouvoirs publics. La proclamation de l´état d´urgence répond à une révolte dont les causes sont profondes et bien connues sur le seul terrain de la répression.

Au-delà du message symbolique désastreux que nourrira la référence à la guerre d´Algérie, il ne s´agit pas seulement de « couvre-feu », ce qui est déjà de l´ordre d´une logique de guerre. En fait le gouvernement a sciemment menti. La loi du 3 avril 1955 autorise des interdictions de séjour pour « toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l´action des pouvoirs publics », des assignations à résidence pour « toute personne […] dont l´activité s´avère dangereuse pour la sécurité et l´ordre publics », la fermeture des « lieux de réunion de toute nature » et l´interdiction des « réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre ». Le gouvernement a même prévu des perquisitions de nuit. Il peut, en outre, faire « prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature », et donner compétence aux juridictions militaires en concurrence avec les juges ordinaires.

Stopper les violences et rétablir les solidarités dans les banlieues est une nécessité. Cela implique-t-il de les soumettre à une législation d´exception héritée de la période coloniale ? On sait où mène le cycle bien connu qui enchaîne provocations et répression, et quels résultats il permet d´obtenir. Les banlieues n´ont pas besoin d´état d´exception : elles ont besoin, désespérément, de justice, de respect et d´égalité.

Signataires :
Alternative Citoyenne, ATMF, CEDETIM, Comité des sans-logis, CRLDHT, Fédération syndicale unitaire, Ligue communiste révolutionnaire, Ligue des droits de l´Homme, MRAP, Parti communiste français, Syndicat des avocats de France, Syndicat de la magistrature, Union syndicale Solidaires, Les Verts.

* Un autre article à lire sur le Blog de Maître Wong, par Françoise Blum: Ils sont entrés en politique

* Autre exemple d'intégration aux Etats-Unis à lire sur le Blog de Mohsan: D'Alger à Baltimore

* Petit compte rendu de l'intervention télévisée de Sarko sur le blog de Karmimo: La vraie Actualité

* Ce que retiens surtout de tout ça, c'est que les évenements de mai 68 étaient bien plus graves, qu'on y brûlait également les voitures et qu'on ne se contentait pas de chanter des chansons comme beaucoup veulent nous faire croire aujourd'hui!

Finalement quand on ne regarde pas la télé, qu'on évite les blogs racistes, qu'on cible bien les sites à visiter et qu'on sélectionne strictement les concitoyens "sans origine visible" à qui on parle (là c'est plus dur perso vu le milieu que je fréquente -fac de droit- j'en ai trouvé que 2), on peut presque croire qu'on vit dans un pays merveilleux!

10.11.05

J'pète les plombs!

Je vais finir par me choper un ulcère avant la fin de la semaine, faut que j'en parle sinon je risque d'être prise d'une méchante pyromania, la voiture de ma voisine (celle qui de son propre aveu a pleuré une semaine en sachant que des algériens allaient acheter emménager à côté de chez elle) m'attire irrésistiblement.. pour l'instant ça va je gère les seuls trucs que j'allume c'est mes clopes..

Pourquoi? je viens de dîner, ben oui quelle idée j'ai eu moi aussi, dîner devant les infos! c'est du masochisme, je le cherche l'ulcère..

Bref je regarde les infos, on commence par une mére "démissionnaire" dont le garçon de 15 ans a été arrêté, et qui a fait de la garde à vue pour manquement à son devoir parental.. vu l'annonce je m'attendais à une toxico, ou un truc dans le genre au moins, on nous conduit chez une bonne femme pakistanaise, qui élève seule quatres enfants, elle admet que son fils puisse être un peu turbulent mais il n'a jamais rien fait d'illégal.. on nous explique que les policiers "pensent qu'il a tenté de brûler une voiture", la mère nous dit qu'il se trouvait simplement à côté d'une voiture..

la mère écopera d'un "stage de parentalité" pour lui apprendre à éduquer ses gosses, le gamin sera placé un mois dans un foyer.. tout ça pour une "pensée", ce qui me rappelle que j'ai intérêt à revoir mon code pénal je savais même pas que les pensées constituaient un dossier à charge..

Ensuite, on reparle de l'affaire de la mosquée et de la bombe lacrymo, on a droit à plein d'explications en même temps: ils n'ont rien jetés du tout, ils savaient pas que c'était un lieu de culte, vu le contexte fallait bien qu'ils se défendent.. comme ça chacun peut choisir l'argument qui le console le mieux.. pourtant on a une vidéo..

Puis tabassage en règle d'un jeune par 8 flics, l'IGS a réagit (l'affaire doit être suivie car qui dit suspendu de ses fonctions ne dit pas condamné, ni même viré) faut dire ça a été filmé par les services de France 2.. et encore on nous explique que le jeune lançait des bouteilles sur le commissariat en sortant de 2 jours de garde à vue, alors qu'on voit bien le gars marcher et les flics qui lui tombent dessus d'un coup..

Puis, une caméra allemande, à 1m de policiers qui viennent d'arrêter 2 jeunes, ils les plaquent au sol, montrent leur tête à la caméra, et s'écrient "vous voyez le visage de la France d'aujourd'hui?".. moi ce que je vois c'est des flics qui maltraitent deux jeunes, leurs foutent des claques, les insultent, les font filmer contré leur gré, en dépit de la soi disant présomption d'innocence qui l'interdit expressément, je vois des flics qui ne se cachent même plus des caméras pour afficher leur haine.. ah ça je le vois bien le visage de la France d'aujourd'hui..

C'est sans parler de tout ce qu'on voit pas, sans parler des condamnations prononcées à la chaîne, sans preuves, sans avocats, sans parler de tout ce qu'on sait pas.

Je vais arrêter de regarder la télé, de lire la presse, les blogs, je vais rentrer dans ma bulle, faut que je respire, ça me fout trop les boules ce genre de choses..

et avec ça on vient me dire que nous "les barbares" des "pays arabes" on aurait tiré dans la foule si des "jeunes de confession non musulmanes" bref des occidentaux avaient fait la même chose chez nous.. déjà faut savoir que chez nous aussi le blanc est roi, il fait sa loi même quand il est pas dans son pays, qui tire sur les foules en Irak, en Afghanistan, en Palestine ?? bref j'attends le jour béni où ce genre de questions touchera effectivement d'autres catégories de populations que les maghrébins, les arabes et les noirs.. et ce jour là je sais déjà ce que j'en penserai car même en me forçant j'arrive pas à être raciste..

J'ai un urgent besoin de vacances..

Cherchez l'erreur..


Emeute à l'algérienne.



Emeute à la française..

Encore une différence culturelle je suppose..

(ps: deux blogs à lire absolument: Mohsan Blog et Maître Wong )

9.11.05

Quelques réactions..

Les Français piégés par leur moi national, par Alain Touraine
LE MONDE 07.11.05 16h36 •

Un changement profond s'est réalisé en France, en peu d'années. Pendant un long moment, on a pu parler d'intégration des enfants ou petits-enfants d'immigrés. Cette phase a connu des échecs autant que des réussites, mais elle a créé des espoirs durables. Depuis une décennie au moins, nous vivons au contraire dans une phase de désintégration, marquée par le rejet des groupes minoritaires, par la fermeture de ceux-ci sur une défense communautariste et par le recours croissant à une violence qui traduit l'incapacité de la société française à changer de modèle culturel. Ce renversement de situation a été si rapide qu'il a été peu et mal perçu.

Dans le domaine du logement, l'épuisement du rôle intégrateur des habitations à loyer modéré (HLM) a provoqué une croissante ségrégation. Sur le plan de l'emploi, le chômage frappe plus lourdement les jeunes. Et il existe une discrimination notoire contre les jeunes issus de l'immigration. L'école n'a pas été capable d'abaisser les obstacles à l'intégration, car sa conception de l'enseignement comme séparé de l'éducation ­ - c'est-à-dire de la prise en compte des caractéristiques psychologique, sociale et culturelle de chaque individu ­-, aboutit, qu'on le veuille ou non, à ne pas aider ceux qui en auraient le plus besoin. Cette dégradation est plus marquée en France qu'ailleurs. D'une part, parce que le réseau des relations de proximité s'est rompu plus complètement en France qu'en Italie ou en Allemagne, et, d'autre part, parce que l'intégration y a toujours été pensée en termes plus forts, ce qui a beaucoup d'aspects positifs mais rend aussi la désintégration plus grave.

Le républicanisme français s'identifie à l'universalisme, ce qui entraîne le plus souvent le rejet ou l'infériorisation de ceux qui sont "différents". Ces obstacles à l'intégration ont des causes profondes. Nous sommes loin d'avoir effacé les traces d'un long antiféminisme. Nous sommes marqués par une tradition coloniale. Nous avons aussi beaucoup de peine à comprendre que l'islam, comme le dit si bien la sociologue Nilufer Göle, est dans la modernité et non pas, tout entier, enfermé dans un passé prémoderne.

Le refus français des différences a aussi des raisons positives : rejet du communautarisme et défense de la citoyenneté. Ces positions sont très majoritaires en France ­ - on l'a vu au moment du débat sur la loi qui interdit à l'école le voile islamique et les autres signes d'appartenance religieuse. J'ai partagé cette position et je continue à la défendre. Mais ce refus du communautarisme doit s'associer à la reconnaissance des différences. C'est-à-dire au droit de chaque individu de vivre dans le respect de ses appartenances culturelles. En particulier, en associant toujours la liberté des organisations religieuses et la liberté religieuse des individus.
Le risque est grand que les mesures de répression, qui relèvent de la responsabilité de l'Etat, renforcent un discours "sécuritaire", lequel rend encore plus difficile la perception de la réalité.

Les Français ont besoin, au contraire, de réfléchir sur les raisons pour lesquelles ils sont mal préparés à comprendre la crise actuelle, en risquant ainsi de l'aggraver. Il n'y a pas que les individus "défavorisés" qui ont besoin d'un changement d'attitude à leur égard. La France comme société peut devenir une menace pour elle-même si elle ne parvient pas à combiner intégration et différences, universalisme et droits culturels de chacun, en dépassant l'opposition d'un républicanisme chargé de préjugés et de communautarismes chargés d'agressivité.

Assurément, l'amélioration de l'emploi et le rétablissement des relations de proximité sont importants. Mais c'est à un niveau plus général, celui de la représentation de la société française par elle-même, que se situent les causes les plus profondes de la violence et de la désintégration. Il faut que, dans tous les secteurs de la vie nationale ­ - de l'enseignement aux services sociaux, de la police aux autorités municipales ­ - soit remis en question l'idéal que les Français se sont créé pour eux-mêmes.

Il n'est plus acceptable de penser et d'agir comme si la France était le dépositaire des valeurs universelles, et avait le droit, au nom de cette mission, de traiter comme inférieurs tous ceux qui ne correspondent pas à ce moi national idéal. La fausse conscience des Français quand ils parlent d'eux-mêmes explique la faible ouverture de la société aux sciences sociales. C'est, pourtant, de ce côté-là que peuvent venir les analyses qui aideront à sortir du cercle vicieux de l'exclusion, de l'enfermement communautaire et de la répression.

Alain Touraine, Sociologue.

* Enfin un article du Monde qui fait plaisir!

* Quelques réactions algériennes qui soulèvent un point dont on parle peu, une fois de plus la crise va profiter aux intégristes musulmans, pire c'est même la république qui les appelle! quand on s'adresse à des jeunes révoltés au travers d'institutions religieuses, il ne faut pas s'étonner si demain on récolte des attentats au lieu des carcasses de voitures.. et là on décrètera quoi? L'état de siège??!

La Tribune
Le Quotidien d'Oran
La Nouvelle République

* Côté blogueurs j'ai été déçue par les réactions de nos compatriotes "sans origines", en grand égoistes qu'ils sont trop souvent, ils répugnent à admettre la révolte comme dernière solution à l'indifférence (la marche pacifique de 1983 a-t-elle changée quoi que ce soit?), ils refusent de se remettre en question et ne veulent pas céder au "chantage des racailles".. ils peuvent parfois comprendre le malaise mais si les jeunes se plaignent qu'ils le fassent en silence et qu'ils ne viennnent pas perturber le petit confort du petit citoyen moyen qui chérit sa twingo bien plus que la vie de 2 jeunes..

heureusement ils sont pas tous cons et Archignac le prouve bien!

France t'as le feu au cul, par Archignac

* Une réaction glannée sur le forum du monde:

"Pour une fois, merci à TF1.Emission "7 à 8", extrait diffusé au zapping de ce soir..édifiant.

Caméra et micros cachés, un contrôle d'identité auprès de 3 ou 4 d'jeunes dans un quartier plutôt "chaud" ces derniers jours.

Tutoiement de rigueur pour les policiers.- L'un des jeunes dit poliment "on vous vouvoie et vous nous tutoyez"- "Ta gueule"- Le d'jeune continue de protester contre "ce manque de respect"- le flic : "tu veux que je te conduise à un transformateur EDF, tu veux griller comme tes copains?"-la "blague" sur le transfo est réitérée 3 ou 4 fois au moins entrecoupées de quelques "ta gueule"- L'un des d'jeune dit "c'est pas comme àa que vous rétablirez le calme dans le quartier"- l'un des flics répond "mais j'en ai rien à foutre, si tout pète, nous à la limite, on est content"

Que fait Sarkozy?Pourquoi ne s'est-il pas déjà rendu dans ce commissariat pour taper du poing sur la table et dire à ces flics qu'ils sont la honte de la police nationale et que tout dérapage entraînera une sanction lourde?Que des fonctionnaires de police puissent se comporter ainsi, là, je ne sais plus quelle est "la racaille" qu'il faut "nettoyer au karcher"..."

* J'ai bien évidement dû faire un tri drastique dans les réactions qu'on lit en ce moment, la majorité reprennant les discours méprisants du gouvernement et de l'extrème droite..

8.11.05

Une petite perle..

Je viens de faire un tour du côté de chez Alumni, et une fois de plus elle nous fait découvrir un site à visiter absolument: Notice de secours Victimes du Racket je vous conseille particulièrement les derniers épisodes, comme quoi on peut vivre en banlieue et savoir faire autre chose que de brûler des voitures.. (hé n'oubliez pas de passer dire merci à mademoiselle Alumni)

Les Indigènes de la République


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J'ai passé la matinée à lire des bouquins sur l'époque coloniale et c'est dingue le nombre de choses que j'ignorais.. J'ignorais par exemple que les "indigènes", "algériens musulmans" et autres colonisés de l'empire étaient soumis à un régime spécial: Le Code de l'indigénat, établi en 1887, (abolit en 1946, maintenu en Algérie jusque 1962) qui prévoyait un régime de droits distincts entre les "citoyens français" et les "sujets français". Inutile de préciser qui était sujet et qui était citoyen!

Ce code prévoyait entre autres: une imposition plus forte des "sujets", l'absence de droits politiques, un service militaire deux fois plus long, et 47 infractions spécifiques permettant à n'importe quel agent de l'autorité administrative française (un facteur par exemple) de prononcer des amendes et de faire emprisonner les indigents en cas d'infraction constatée sans passer par le pouvoir judiciaire (notons au passage que même s'il fallait passer devant un juge c'est le tribunal des indigents qui s'en chargeait et non les tribunaux de droit commun). Parmis ces infractions on peut retenir le déplacement non autorisé d'un douar (petit village algérien) à l'autre, le rassemblement non autorisé de plus de 20 personnes à l'occasion d'une fête, irrespect envers un agent de la force publique même en dehors de ses fonctions, le retard au paiement de l'impôt..etc..etc.. Il y avait même des sanctions collectives qui étaient prononcées contre l'ensemble des villageois si l'un d'entre eux avait fauté..

Bref je vous épargne les détails, le système était si injuste, les déclarations des politiques de l'époque et autres Généraux basés en Algérie sont si abjectes que j'en ai encore la nausée.. Ce qui me paraissait intéressant à retenir c'était le système éducatif mis en place à l'attention des indigents. Aprés avoir tenté de les exterminer (je n'invente rien ce sont les mots du Général Bugeaud et du Maréchal de Saint Arnaud entre autres..), la République avait décidé de les assimiler, de les instruire avec le but avoué de mieux les soumettre. Des écoles indigènes ont donc été mises en place, mais attention il ne s'agissait pas d'en faire des intellos, loin de là, il ne fallait surtout pas risquer d'éveiller en eux des désirs d'égalité, il s'agissait simplement de les rendre utiles aux exploitations coloniales. Ainsi, les cycles scolaires s'arrêtaient à l'enseignement primaire, les hommes apprenaient les techniques d'agriculture et quelques phrases rudimentaires de français, les femmes étaient initiées à l'art de l'hygiène et des arts domestiques. Les colons avaient besoin de main d'oeuvre et de femmes de ménages, l'école des indigènes les leur fournissait.

Avant que les foudres du déni ne s'abattent sur moi je tiens à préciser mes sources. Le livre que j'ai lu n'a pas été écrit par un mohammed revanchard mais par un respectable Charles-Robert Ageron, professeur agrégé d'histoire à la Sorbonne et auteur d'une collection en 3 tomes sur le thème: Les Algériens musulmans et la France, parue en 1968. (si vous trouvez une réedition je vous le conseille c'est édifiant tout ce qu'on y apprend)

Bref aprés cette lecture pour le moins instructive, je descendais déjeuner devant le JT de 13h.. j'y ai appris que le gouvernement décrétait l'Etat d'urgence dans les banlieues, mesure d'exception adoptée en 1955 pour rétablir l'ordre républicain en Algérie.. et que l'une de ses mesures phares pour aider les jeunes des cités, était l'abaissement à 14 ans de l'âge minimal pour accéder à l'apprentissage.. ah j'oubliais, le gouvernement dans son grand magnanisme a promis plus de subventions pour les centres sportifs et sociaux..

Sport, apprentissage, couvre feu et mesures d'exceptions, c'est bon de voir qu'à la première révolte la République ressort ses bonnes vieilles recettes de matage d'indigènes.. Autant qu'on rétablisse le Code de l'Indigénat pour les nouveaux français musulmans (proposition reprise du site facho France-Echos, si ça vous intéresse cherchez sur google pas question qu'un lien vers eux sorte d'ici) , au moins comme ça les choses seront claires.. et si demain des gosses font passer des bombes dans leurs cartables d'écoliers on fera peut être moins les étonnés..

Quelques sites à visiter:

Code de L'indigénat
Mouvement des Indigènes de la République
Ligue des Droits de l'homme

7.11.05

On ne se réveille pas un matin en ayant envie de brûler des voitures..


"Que peut espérer un être jeune qui naît dans un quartier sans âme, qui vit dans un immeuble laid, entouré d'autres laideurs, de murs gris sur un paysage gris pour une vie grise, avec tout autour une société qui préfère détourner le regard et n'intervient que lorsqu'il faut se fâcher, interdire?"

F.Mittérand

3.11.05

Au fait..