Ce matin il pleut dans mon coeur comme il pleut sur la ville.. lol je rigole je me suis toujours demandée comment on pouvait sortir ce genre de phrases sans se sentir con.. bref il pleut et le ciel est gris, rien d'extraordinaire en somme..
Cette aprés midi je suis censée revoir le pire de mes ex, aprés un an de silence le voilà qui revient prendre la température.. ça fait un bon moment que c'est finit, et notre période post relation a été aussi tendue et électrique que la courte relation qu'on a eu.. ce gars est le prototype du beur né en france, pas celui des quartiers, celui qui s'est "intégré", si bien intégré d'ailleurs que c'est le seul de sa promo à ne pas avoir trouvé de travail deux ans aprés la fin de sa formation et que pour lui s'était forcément dû à l'adresse peu prestigieuse de son stage.. et surtout pas à son nom ou à son faciès coloré, ah non sûrement pas!
Quand on s'est rencontré, j'allais pas trés bien, je me remettais toujours pas de l'exil et mon surpoids massif en témoignait encore.. lui se la joué petit play boy de centre ville, sa bande de potes au bras ils formaient un clan, tout le monde les connaissaient et mon côté midinette frustrée par mes années de lycée chaotiques m'attirait irrésistiblement vers eux.. c'est là que j'ai découvert pour la 1ère fois ce que les jeunes d'ici pensaient des jeunes de là bas..
Moi qui en général passe pour une débauchée notoire sur l'autre rive, (réputation amplement méritée car je fume mes cigarettes en public..) j'étais devenue de part de mon statut de "blédarde" la sainte patronne des musulmans du coin, je fumais encore mais ils devaient se dire que c'est la France qui m'avait corrompue.. j'étais pas sa copine mais sa "femme" ses potes me saluaient les yeux baissés en témoignage de leur grand respect.. j'étais la "femme" du chef de clan et ce statut privilégié m'avait collé une balise GPS aux fesses de sorte qu'à la moindre sortie au tabac du coin mon mec était immédiatement prévenu..
Au début je trouvais ça plutôt flatteur (j'étais jeune et mal je vous rappelle) je me sentais aussi importante que la compagne d'Al Capone, j'étais protégée et si je devais aller quelque part il me trouvait toujours un chauffeur pour m'accompagner.. ce qui n'est pas négligeable quand on sait qu'à Lille les 3/4 des quartiers ne sont pas desservis par le métro...
J'assistais souvent à des discussions surréalistes, où ces mecs qui ne parlent pas un mot d'arabe, qui n'ont pas été au bled depuis l'âge de 10 ans, m'expliquaient avec force conviction que leur future femme viendrait forcément de là bas, parce qu'il n'y a que là bas que les filles sont encore pures et pieuses comme moi (des années aprés j'en ris encore), que les maghrébines nées ici avaient été corrompues, et que les françaises étaient donc leur seule issue en attendant le mariage..
Ils y croyaient dur comme fer et au début je n'osais pas froisser ma nouvelle famille d'accueil alors je ne disais rien.. petit à petit j'entrais dans la peau de mon personnage, je ne sortais plus sans mon copain, je n'allais même plus au "cirque", (haut lieu de la branchitude gay à lille et dernier endroit encore sympa à l'époque) je n'allais plus squatter les terrasses avec mes copines garçons, mes jupes avaient gagnés de précieux centimètres et je ne fumais plus dans la rue de peur de croiser sa mère!
Au bout de quelques temps, j'avais une vie aussi excitante qu'un mormon dépressif mais je l'aimais alors.. mais trés vite je me suis rendue compte que si pour moi le couvre feu de minuit était de rigueur, lui ne se gênait pas pour faire la fête jusqu'au petit matin, pire c'est lui qui allait au cirque à présent.. puis trés vite Monsieur a commencé à parler mariage, pas comme projet, comme un aboutissement difficilement envisageable avec moi car malgré mon masque je ne correspondait pas encore à la femme algérienne idéale (encore cette foutue cigarette!)et alors même que je n'envisageais absolument pas le mariage avec lui, je me retrouvais à me justifier de mes tarres, ben oui même à la Mecque les femmes fument..
Trés trés vite aussi, il m'a trompé, une Marie anorexique, qui vivait seule et qui pouvait l'héberger à 4 heures du matin avait eu raison de ma vertue, je restais l'officielle et j'étais sensée selon sa mère fermer les yeux sur ses égarements pré-mariage.. je ne voulais toujours pas me marier avec lui mais ça j'étais la seule à y croire, car c'est bien connu une fille qui a grandie au bled ne vit que dans l'espoir de se marier..
On a donc rompu et j'ai repris ma petite vie de débauche, mais bien évidement c'est la déception et l'amertume qui m'avaient fait dévier, tout ce que je faisais n'était une tentative désespérée et calculée (les filles du bled sont aussi pures que calculatrices) de l'attirer à nouveau dans mes filets, dans le but encore une fois de me marier!
Au final, tout ce dont j'avais été privée du fait de mon statut de sainte(virées en boites, restaus, weeks ends en amoureux, vacances en Italie, emménagement à deux..) a été accordé sans mal à la Marie..
D'emblée j'avais été mise dans la case épouse potentielle, la case qui exclut toute relation de couple heureuse, celle qui ferait de Carry Bradshow une fille triste et chiante avec qui on s'imagine déjà faire les courses samedi au super U..
De l'autre côté de la rive c'est le problème inverse qui se pose à moi, ma maudite cigarette allumée ostensiblement aux yeux de tous me place automatiquement dans la case "aventure d'un jour, d'un été, d'une décenie s'il le faut mais jamais même pas en rêve je t'épouserai".. ce qui pour la fille tordue que je suis est un motif de rupture impératif, je ne peux pas sortir avec quelqun qui ne s'imagine pas m'épouser un jour même si moi j'ai pas envie de l'épouser!
Quand mes copines gégé et companie, se plaignent du manque de passion qui s'installe dans leur couple, de la routine du quotidien qui leur donne envie d'aller voir ailleurs, quand elles se demandent si elles ont fait le bon choix, si le chat qu'ils ont pris ensemble n'était pas un acte prématuré, moi je navigue entre ceux qui veulent m'épouser mais pas sortir avec moi et ceux qui veulent sortir avec moi sans m'épouser...
je pourrai arrêter de me mordre la queue si j'envisageai une troisième voie.. un autre type d'homme, un homme du genre de celui qu'on rencontre, avec qui on sort un moment et avec qui si ça marche bien on finit par se caser naturellement sans que ça fasse des vagues..
Ce genre d'hommes aurait pù être français si mon foutu attachement à Oran ne m'empêchait pas d'envisager toute relation avec un non algérien.. et puis surtout si je savais qu'un français "bien" pouvait réellement épouser une étrangère.. (désolée mais les couples "mixtes" que je connais ne me donnent guère envie de croire au bien fondé du métissage)
Du coup je suis obligée de chercher ce genre d'homme parmi mes compatriotes et là je dois bien l'avouer ça ça s'annonce plutôt mal.. déjà il faut savoir qu'ils ne cherchent pas une femme comme ils chercheraient une épouse, les critères sont radicalement opposés.. mis à part les critières physiques, tout ce qui plait chez une copine potentielle est à proscrire dans une recherche matrimoniale..
On épouse une fille parce c'est une "fille de bonne famille", (sachant qu'une même famille peut donner à la fois des filles de "bonnes" et de "mauvaises" famille) qu'elle n'est jamais sortie de chez elle, (personne ne doit la connaitre et surtout personne ne doit pouvoir témoigner de frasques quelconques) parce qu'elle a fait des études (mais pas au point d'en faire une intello qui contredirait son homme), parce qu'elle est "moderne" (elle se maquille et suit la mode des années 30 tout en restant aussi soumise qu'une afghane sous sa boukra)..ect..etc..
Une épouse potentielle ne doit pas être sympa et marrante, elle doit être jolie mais surtout pas sexy, elle ne doit pas avoir partagé de moments de complicité et d'intimité avec son futur époux..
Ce que nos compatriotes ignorent souvent c'est que les filles "copines" et les filles "épouses" ne sont pas distinguées à la naissance. Aucun tracage n'est garanti à 100%, les élevages étant souvent confondus, il devient difficile aujourd'hui de certifier du label "épouse halal".. résultat en s'éloignant de leurs fermes les filles "copines" peuvent devenir des filles "épouses", et vice versa..
Je pourrai donc migrer moi aussi et gagner le statut d'épouse potentielle que mon adolescence agitée a irrémédiablement compromis à Oran, mais je ne veux pas non plus. Parce que la fille tordue que je suis ne veut pas non plus se marier avec un mec qui ne voudrait pas épouser sa copine..
Du coup ben je suis célibataire, j'avoue que la force de l'habitude me rend la chose plutôt agréable et par bonheur les couples que je connais ne me font vraiment pas envie, mais bon à tout hasard je tente l'appel..
Alors si tu es Algérien, que tu ne veux pas vivre en France, que tu n'as pas de cases dans ta tête, si tu es célibataire et que t'aimerais rencontrer une fille sympa et marrante, plutôt jolie et sexy, si tu pense qu'on épouse une fille aprés être sortie avec elle et si tu n'es pas effrayé à la vue de neuronnes féminins, si pour toi la cigarette c'est seulement mauvais pour la santé, que le champagne c'est pas vraiment de l'alcool, si tu as une bonne situation et que tu ne crains pas que ta femme en ait une aussi bonne que toi, si pour toi l'ouverture d'esprit n'est pas une notion relative à l'endroit où on vit.. Et si avec tout ça tu as moins de 35 ans, contacte moi ne ce serait ce que pour savoir que tu existe!
En attendant, je vais prendre un café avec mon ex, histoire de confirmer le bien fondé de mon célibat!