Il paraît que je pointe systématiquement les mauvais côtés de la France et à bien y réfléchir je dois bien admettre que c'est vrai..
Déjà faut dire que ça doit être une sorte de déformation génétique.. je viens d'un pays où le peuple est super virulent avec le pouvoir en place, avec la loi en vigueur, on passe notre temps à se révolter et à tout critiquer..
Quand je suis arrivée en France, j'ai continué à me plaindre de l'Algérie, à critiquer le système et à en parler à mes amis français.
Ce pays qui m'accueillait me semblait idyllique, il faut savoir que les algériens, surtout le milieu intello francophone, ont une admiration sans bornes pour le pays des lumières, de la déclaration des droits de l'homme, pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité..
On pense souvent qu'ici tout est rose, que le peuple est cultivé, que les lois sont justes et que les gouvernants sont irréprochables..
Pour tout dire au début je ne croyais même pas mes camarades d'origine maghrébine qui me parlaient de racisme, je croyais dur comme fer, que celà n'existait pas, qu'ils étaient paranos et que leur mauvaise éducation était la cause du rejet qu'ils subissaient.
Ensuite j'ai grandie, j'ai commencé à sortir, j'ai travaillé en dehors de mes études, et là j'ai côtoyé le peuple, le vrai, celui qui travaille à Auchan, qui prend un café dans les bars PMU, celui qui me traitait de sale arabe et qui me regardait de haut malgré ma bonne éducation.
J'ai commencé à ouvrir les yeux, tous ces boulots et ces apparts qui devenaient soudainement "déjà pris" quand je donnais mon nom, ces CV auxquels on ne répondait jamais..
J'ai creusé la question, j'ai lu les rapports des instutions européennes, des associations, j'ai étudié les textes de lois, j'ai travaillé dans un cabinet d'avocat où la plupart des clients maghrébins voyaient leur cause perdue d'avance.. j'ai vu les arrestations abusives, les gens contrôlés dans les métros, les refus d'accés aux discothèques.. j'ai entendu les propos racistes et xénophobes, les préjugés méprisants..
Toutes ces choses dont on ne parle pratiquement jamais au JT de 20h. Ces choses que mes amis français friands de critiques algériennes refusaient d'admettre devant moi, même quand ça se déroulait devant leur yeux.
Aujourd'hui, je refuse moi aussi de critiquer mon pays outre mesure, j'admet certaines choses mais je rappelle que nous n'avons jamais eu la prétention d'incarner les droits de l'homme.
Je suis blasée de voir tous les jours des reportages s'offusquant de ce qui se passe ailleurs, de voir les médias et le peuple porter un jugement sur des pays qu'ils ne connaissent pas et dont les situations sont à l'opposé des leurs.
Alors oui, aujourd'hui je pointe du doigt ce qui ne va pas en France, car je suis maintenant française à mon tour, et je trouve que ce pays qui passe son temps à se poser en donneur de leçons international ferait mieux de s'occuper de ce qui se passe sur son territoir et de laisser les autres pays fairent ce qu'il peuvent avec les moyens qu'ils ont.
L'Algérie n'est certe pas un pays respectueux à 100% des droits de l'homme et de la justice en général, mais c'est un jeune pays, indépendant depuis moins de 50 ans, dont la population en 1962 frôlait les 90% d'analphabètes (les "français musulmans" n'avaient pas le droit de continuer leurs études au delà de la 6ème année d'école primaire), qui a connu des années de terrorisme et de massacres, et qui compte tenu de tout ça se débrouille bon gré mal gré mais qui progresse constamment..
Si je suis plus "dure" avec la France, c'est qu'on parle là d'un grand pays, qui a eu une grande histoire, qui jouit d'une économie relativement florissante et qui a donc aucune excuse valable pour ne pas respecter totalement les exigences d'un pays démocratique.